Tous appelés à la sainteté

par Jean-Louis Brêteau, diacre

La fête de la Toussaint que nous célébrons en ce tout début du mois de novembre a une triple fonction. Elle nous appelle à honorer toutes les saintes et tous les saints officiellement reconnus par l’Église. Notre siècle n’est pas en reste, puisque François est le pape qui a canonisé le plus d’entre eux durant son pontificat : 73 personnes individuelles ainsi que des groupes de martyrs : au total 899 saints et saintes. La Toussaint nous invite également à célébrer toutes les âmes connues ou inconnues que le Seigneur a accueillies définitivement dans son Royaume. Enfin, elle fait retentir dans nos cœurs, si nous savons l’accueillir, l’appel à la sainteté. De manière significative, un évêque français vient de publier un livre intitulé Le Temps des Saints (Mgr Marc Aillet, Le Temps des Saints, Artège, octobre 2023). Le sous-titre de l’ouvrage ne manque pas d’originalité : Ne soyons pas des chiens muets ! Il fait référence au prophète Isaïe qui taxait les « mauvais pasteurs d’Israël » d’être des « chiens muets ». En d’autres termes, l’auteur de ce livre invite tous les chrétiens et particulièrement les pasteurs de l’Église à ne pas avoir peur de dire la vérité « sans brutalité, mais avec franchise ». En cette période de confusion où tant d’événements dramatiques, voire tragiques, pourraient nous conduire au découragement et où plusieurs de nos contemporains ressassent ce refrain bien connu : « Si Dieu existait, tout cela n’arriverait pas », les chrétiens ont pour mission de témoigner de l’espérance qui les anime. L’autre jour, dans la rue attenante à l’église Saint Jacques un passant m’a interpellé en me disant : « Vous avez vu tout ce qui arrive ? ». J’ai répondu calmement : « Oui, je prie Dieu tous les jours. » Il m’a alors demandé : « Dieu, c’est qui ? » J’ai répondu encore plus calmement : « Pour ma part, je prie le Fils de Dieu, notre Seigneur Jésus-Christ ! » Le passage d’une voiture nous a alors séparés et je ne saurais dire ce qu’il a retenu de ce bref échange, mais l’événement m’a confirmé combien les gens qui nous entourent peuvent être dans l’incertitude ou même le désespoir.

Ils ont besoin d’entendre la vérité, mais aussi, et peut-être surtout de voir ce qu’un croyant vit en vérité. Il faut que nos actes soient en cohérence avec nos paroles, c’est-à-dire qu’ils constatent que nous avons entendu l’appel de Dieu qui, dans le livre du Lévitique, dit à son peuple : « Car c’est moi, Adonai, qui suis votre Dieu. Vous vous êtes sanctifiés et vous êtes devenus saints car Je suis saint. » Le Seigneur Jésus a soin de le rappeler à ses disciples : « Vous donc, vous serez parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48). Et l’apôtre Saint Pierre de renchérir à la suite de son Maître : « Mais, à l’exemple du Saint qui vous a appelés, devenez saints, vous aussi, dans toute votre conduite, selon qu’il est écrit : Vous serez saints, parce que moi, je suis saint » (1 P 1, 16).

Naturellement, nous sommes tentés de répondre : « Oh ! Cela n’est pas pour moi. Je me connais, avec toutes mes failles et tous mes péchés ! » Les plus grands saints disaient eux-mêmes, bien souvent : « Je suis le plus grand des pécheurs ». Ils connaissaient leurs propres failles et avaient, sous l’inspiration de l’Esprit-Saint, une vive conscience de leurs péchés. Mais, lorsqu’il leur arrivait de tomber, ils se relevaient, allant confesser leurs fautes dans le sacrement de la Réconciliation et ils reprenaient courageusement la route, joyeux de savoir qu’ils étaient pardonnés et mettant toute leur confiance dans leur Seigneur.

C’est ainsi qu’ont vécu tous les grands saints que nous honorons tout au long de ce mois de novembre : St Martin de Porrès, fêté le 3, St Charles Borromée, fêté le 4, Ste Élisabeth de la Trinité, fêtée le 8, St Léon le Grand, fêté le 10, St Martin de Tours, fêté le 11, St Josaphat, fêté le 12, St Albert le Grand, fêté le 15, Stes Marguerite d’Écosse et Ste Gertrude, fêtées le 16, Ste Élisabeth de Hongrie, fêtée le 17, et naturellement, au premier chef, la Reine des Saints et des Anges dont nous célébrons la Présentation le 21, sans oublier Ste Cécile, fêtée le 22, Sts Clément 1er et Saint Colomban, fêtés le 23, St André Dung-Lac et ses compagnons martyrs fêtés le 24 et, à la toute fin novembre, le 29, St Saturnin, évêque-fondateur de l’Église de Toulouse, martyrisé rue du Taur et sur la place qui porte son nom, enfin le 30, le grand apôtre Saint André, frère de St Pierre et patron de l’Église d’Orient. Chaque fois que nous relisons les vies de chacune de ces saintes, ou de chacun de ces saints, dont plusieurs ont marqué l’histoire de notre pays, le Seigneur ravive en nous le désir, à notre humble place, de suivre leur exemple.

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